2055: L’Extinction ou la survie

de Amastan Hallin

Prix Jeunesse de la nouvelle – Lauzerte 2021

© Amastan Hallin, 2021

 

Un grand collapse a frappé de plein fouet la planète bleue. Ce que je vais vous raconter se déroule après ce terrible événement, dans les décombres, les ruines d’une civilisation trop avancée pour son temps. De nombreux objets connectés, divers gadgets, développés en quantités astronomiques et qui avaient permis à ce monde de grandes avancées technologiques, ont disparu faute d’énergie suffisante pour les faire fonctionner… Mais la guerre, elle, est toujours présente.

2040, un nouveau-née arrive chez les Harmstrong; il se nomme Victor; dès sa naissance ses parents savent qu’il accomplira de grandes choses. Doté d’une curiosité insatiable et d’une grande dextérité manuelle, il est déjà très attiré par les objets connectés qu’il observe, manipule et même parfois qu’il tente de démonter… Dès ses six ans, il inonde déjà ses parents de questions, auxquelles ces derniers ne peuvent pas toujours répondre. Nous suivrons bientôt la vie et les mésaventures de ce jeune héros dont nous ne savons pour l’instant presque rien.

2050, les guerres commencèrent. La main mise de l’empire chinois sur tous les territoires de l’Asie sonna la fin du monde d’avant, et donna naissance au vaste empire asiatique, gouverné par les Chinois. A la recherche de minerais rares, de conquêtes, de gloire et par-dessus tout de pouvoir, ils étaient avides de nouvelles terres à exploiter. A l’époque le monde se divisait en cinq factions: l’Empire Asiatique (avec la secte chinoise Gorgona), les pays de l’Union globale, les gangs rebelles indépendants, les Océanopoliens, habitants d’Océanopolis et créateurs des cités lacustres et les Lunariens, des chercheurs exerçant leur métier sur la base Lunara (sur la Lune).
Au sein de l’Union globale, il y avait les nations avancées et des états trop pauvres pour financer une armée. Les constructeurs d’armes s’enrichissaient, Dassault, Safran, Wun Industrie, sans oublier les entrepreneurs en technologies futuristes et les développeurs informatiques tels que Microsoft et Apple…

2055, le grand collapse arriva de manière brutale et inattendue; les seuls «rescapés» furent les créateurs des start-ups informatiques, issus de l’Empire Asiatique et des pays développés de l’Union globale, et quelques communautés survivalistes qui avaient appris à survivre dans des micro communautés de vie autonome et auto-suffisantes en nourriture. La plupart des États pauvres sombrèrent et perdirent tout. La vie quotidienne était devenue très dangereuse et commença alors une anarchie générée par des gangs comme il n’y en avait jamais eu auparavant. La fin de la civilisation du pétrole était bien là. Une situation effroyable commença suivit d’affrontements, de nouvelles guerres sans merci… Tout cela pour quelques bidons d’or noir, jusqu’à l’épuisement de la ressource, qui arriva en quelques mois. Une course au carburant et à l’armement fut alors lancée; asiatiques, pays de l’Union globale, Océanopoliens, Lunariens, tous voulaient être les premiers à créer un supercarburant.
Océanopolis fut la première cité à envisager un supercarburant. Un groupe de chercheurs dirigé par M.Stok réussirent à fabriquer un biocarburant étonnant et révolutionnaire dénommé Poliencéo. Cette annonce ne leur porta pas chance et la cité maritime en plein coeur de l’océan atlantique fut bientôt la cible de nombreux attentats. Bien qu’à la pointe de technologies efficacement développées au cours des années antérieures, notamment dans les domaines des énergies renouvelables (éoliennes flottantes, hydroliennes), de la restauration (cage à poissons en kevlar) et de la science marine (centre de recherche en microbiologie marine…), les Océanopoliens finirent par saboter volontairement leur île en prévision d’attaques et de conflits en rapport avec leur biocarburant. Ainsi fut «auto-détruite» Océanopolis…

Les chercheurs Lunariens furent les seconds à expérimenter et à mettre en place un «autre modèle» de supercarburant. Au sein de la base lunaire de Lunara un scientifique du nom du

Docteur Moon avait créé un centre de recherche lunaire. Puis, suite à de nombreuses tractations politiques, il avait réussi à être nommé grand superviseur de la construction de la base. Comme tous les bâtiments de ce lieu, son laboratoire était alimenté par une centrale solaire. L’équivalent de l’équateur sur la Terre était tapissé d’un nombre incalculable de panneaux solaires. Ce projet aux allures futuristes avait été commencé dans les années 2030 puis s’était finalisé en un temps record dans les années 2035. Le carburant nommé Mona était né dans les mains du Docteur Moon. Principalement composé de déchets de toute sorte associés à un liquide révélateur secret dont seul le Docteur connaissait les constituants…Moon continua à améliorer sa formule toujours plus puissante.
Jalousé et sa sécurité étant menacée, il avait pris le temps de transmettre sa formule à son assistant…le professeur Smart! Ce qui devait arriver arriva, un gang envahit la base Lunara, réussit à capturer Moon. Il fut torturé, le gang voulait à tout prix le secret de la formule. Il avala une gélule de cyanure et s’effondra sans rien révéler à ses ravisseurs. Les membres du gang rebelle qui l’avaient séquestré firent sauter le coeur même de la base. Se déroula alors une réaction en chaîne… Lunara explosa, tous les colons de la base, membres du gang, scientifiques, chercheurs, tous moururent suite aux violentes déflagrations et aux nuages chimiques dégagés par les vapeurs des produits hautement toxiques situés dans les laboratoires. On dénombra pas moins de quatre cents morts. Ainsi fut anéantie l’Utopie Lunaran et toute activité de vie lunaire…

Bien d’autres lieux furent anéantis, avec toujours plus de haine, de rage, de jalousie et de perfidie. Beaucoup d’autres joyaux de la civilisation passée furent rasés de la même façon. Les humains étaient devenus des bêtes ne pensant qu’à leur survie, des animaux dépendant d’une chose, la guerre et la quête insatiable du pouvoir et du supercarburant…

2058, nous retrouvons le jeune Victor Amstrong, un garçon de dix-huit ans, mâture, intelligent, curieux des autres, empathique, et surtout passionné de recherches informatiques. Il passe tout son temps à faire de la programmation et à créer des algorithmes. Il vit dans l’un des pays de l’Union globale, précisément dans la ville de San Francisco, avec ses parents Tara et Ryan, respectivement âgés de quarante ans et ses deux sœurs Dixie, dix-neuf ans et Victoria quinze- ans. Son père exerce le métier de chirurgien et sa mère imprimeuse-effaceuse de souvenirs.

Il faut savoir qu’en 2055, différentes technologies futuristes avaient généré des avancées importantes dans certains métiers. On avait doté les chirurgiens d’une vision à rayon X qui «augmentait» une opération permettant une vision panoramique et globale du corps humain en temps réel. Désormais grâce à la réalité augmentée, ils visualisaient tous les organes des patients à travers leur peau. Les images qu’ils percevaient étaient modélisées en 3D à partir d’un grand nombre de radios, et étaient d’une grande précision. Toutes les opérations s’effectuaient avec l’assistance d’un endoscope. Durant l’intervention le chirurgien pouvait compter sur l’aide d’une I.A (intelligence artificielle) pour vérifier l’exactitude des gestes, la bonne exécution des mouvements les plus délicats. Il était possible aussi de déplacer la vue 3D pour mieux visualiser le «cœur» de l’opération et de détecter la source et le lieu de l’infection. Le père de Victor avait notamment été le premier chirurgien à utiliser ces innovations. Il avait soigné la tumeur maligne d’un haut personnage du gouvernement.

S’agissant du métier d’imprimeuse effaceuse de souvenirs, une découverte formidable avait bouleversé les neurosciences dans les années 2040 . Les progrès de ces dernières avaient permis de bénéficier de la plus riche des bases de données… le cerveau humain. Un métier avait donc vu le jour: imprimeur effaceur de souvenirs. Le travail d’imprimeur-effaceur de souvenirs consistait à insérer sous des formes uniquement visuelles des souvenirs dans notre mémoire. Il permettait aussi de les effacer. L’imprimeur effaceur de souvenirs localisait dans les flux des songes la «chose» qui préoccupait son patient. Pour tenter d’interpréter les données, il avait à sa disposition les résultats d’un scanner.
Après de nombreuses années de formation en neurologie et en radiologie ces praticiens pouvaient travailler et agir sur des patients très différents: particuliers ayant par exemple oublié leur clé, artistes désireux de retrouver des idées perdues, juges ne se souvenant pas d’un détail lors d’un jugement, architectes souhaitant reconstituer des formes imaginées puis perdues voire même effacer le souvenir de crimes, ou encore effacer la mémoire d’une personne en désaccord avec le gouvernement.
En 2044, ces formes visuelles avaient prouvé leur fiabilité quand, lors d’une attaque où la victime se trouvait entre la vie et la mort, on fit «parler» sa mémoire ce qui permit de découvrir l’arme de l’homicide et le coupable.

C’est par une journée tout à fait banale que nous retrouvons Victor Harmstrong. Une journée qui va modifier profondément le cours de sa vie. Il se réveille paresseusement. Après avoir rêvassé une bonne demi-heure, il se lève nonchalamment et descend les marches glissantes de l’escalier de la maison familiale. Dans la cuisine, sa sœur aînée Dixie est assise dans le canapé, un mug de Flowered à la main (une boisson énergisante constituée de grillon réduit en poudre mélangée à du jus de fleur), sa sœur cadette Victoria est en train de lire à haute voix l’horoscope du jour. Ses parents Ryan et Tara échangent sur leur dernières recherches et sur les patients qu’ils suivent respectivement. Ils regardent les listes et ciblent les prochains «cobayes» qu’ils pourront examiner.

Soudain la sonnette stridente de l’entrée retentit. Victor se dirige vers la porte, ses parents le talonnent. Il lance un coup d’œil furtif à travers la fenêtre, puis il finit par ouvrir la porte. Un homme habillé en noir présente un badge des services secrets, plus exactement de la R.I.L.D (Research and Intelligence Logistics Division). Il entra, suivi de près par deux «gardes du corps» , des molosses qui dévisagèrent Victor au scalpel. Ses parents lui indiquèrent d’aller vers la cuisine. L’homme en noir semble très imposant. Il s’adresse aux parents de Victor d’une voix cassante et autoritaire:

«J’ai quelque chose de très important à vous annoncer. Il s’agit d’une ancienne affaire touchant votre fils. Pourrais-je vous parler seul à seul ?»

Les parents de Victor demandèrent à leurs enfants de monter dans leur chambre. Derrière la porte de la cuisine commença alors une discussion à bâton rompu. Les gardes du corps (numéro 18 et numéro 19) positionnés au niveau des accès ressemblaient à des robots (c’est-à-dire qu’ils n’étaient pas émotifs). L’homme en noir, lui, tripotait nerveusement ses doigts…
Il semblait à Victor que le temps s’était arrêté et qu’une éternité était passée depuis l’entrée de cet homme et de ses acolytes dans la maison familiale. Ses sœurs étaient terrorisées. Au loin, les trois adolescents entendaient leurs géniteurs protester et supplier un délai.
Puis Victor et ses sœurs entendirent des pas lourds dans l’escalier. C’était le numéro 18 qui venait chercher Victor. Il l’attrapa par le bras, Victor protesta avec véhémence:

«Que me voulez-vous? Je ne vous connais pas! Je ne veux pas vous suivre!»

Le numéro 18 dut le traîner de force jusqu’à la cuisine. Ses parents lui conseillèrent de s’asseoir, de se calmer et de les écouter. Sa mère lui dit:

«Mon chéri, cet homme qui s’appelle M.Couldstonnes fait partie de la R.I.L.D. Tu ne te souviens peut-être pas car tu étais encore bien jeune, il était en charge de ton «procès» il y a cinq ans. Tu vas devoir lui rendre un service. Nous ne t’avions pas tout dit. Tu es redevable à la R.I.LD. Contre ta libération et pour que tu évites d’aller en maison de redressement ou pire en prison, nous avions dit qu’à partir de ta majorité tu pourrais aider les agents de la R.I.L.D.»

En 2053 à seulement treize ans, Victor avait réussi un casse de légende. Après avoir étudié à la loupe son plan, il avait extorqué plus de dix millions de dollars à la Citibank de New York. Cette cyber attaque était restée gravée dans les mémoires des habitants de l’Union globale car elle démontra la fragilité du système bancaire et le fait que l’argent des contribuables n’était pas en parfaite sécurité dans les banques. La Citibank finit tout de même par s’en rendre compte. Des mois et des mois de traque furent nécessaires pour retrouver l’auteur de cet acte…Victor! Ce dernier fut arrêté et ramené chez lui alors qu’il se rendait à une conférence de Bandes dessinées. Il ne fut pas traduit devant les tribunaux du fait de son jeune âge. Il fut néanmoins accusé d’avoir mené une attaque informatique contre la Citibank de New York. Ses parents plaidèrent coupables à sa place. Et les compétences de sa mère en effacement de mémoire permirent d’apaiser les angoisses de vol des populations.

Les parents de Victor lui avouèrent qu’après son délit, l’agent Couldstonnes, porte-parole de la R.I.L.D, était venu les voir. Il leur avait dit que le jeune garçon était redevable à la R.I.L.D et au gouvernement de l’Union globale. Son père lui dit:

«Tu vas suivre cet homme et tu pourras revenir quand tu auras terminé ce que M.Couldstonnes et ses supérieures t’auront demandé.»

Victor, un peu effrayé par cette nouvelle, était consterné. Il dut accepter malgré lui, de suivre les trois hommes. Il dit au revoir à ses sœurs en pensant au fond de lui même qu’il ne les reverraient peut-être jamais. Il prit une petite valise contenant quelques habits et des effets personnels. Il descendit les escaliers, embrassa ses parents, les serra très fort dans ses bras puis s’installa à l’arrière de la voiture autonome, entre le numéro 18 et le numéro 19. Ses parents regardèrent la voiture s’éloigner jusqu’à la voir disparaître au loin sur la colline. Au bout d’une bonne demi-heure de route M.Couldstonnes lança:

«Nous allons dans les montagnes rocheuses. Au siège de la R.I.L.D.»

Victor ne se sentait pas bien. Qu’allait-il faire là-bas ? Ils arrivèrent à l’aéroport international de San Francisco. Ils embarquèrent à bord d’un jet supersonique. Trente minutes plus tard ils atterrirent sur un aéroport privé entouré de montagnes et de hauts sommets. Ils sortirent du jet montèrent dans une voiture aux vitres fumées et se dirigèrent vers le QG de la R.I.LD. Lorsqu’ils arrivèrent, Victor fut ébahi par le gigantisme de cette base, grouillante de soldats. Un sous-terrain clôturé par trois portes de titane engloutit la grosse berline… Il faisait sombre… De nouveaux «numéro» prirent en charge Victor et le conduisirent dans une grande salle où était assis une dizaine d’hommes dans un drôle d’uniforme qui lui rappelait quelque chose. Le «chef» à en juger par son placement lui indiqua une chaise vide. Victor se souvenait de cet homme… Plutôt grand, au regard sévère, et le seul habillé en costume de ville à l’ancienne mode. C’était Monsieur Druman. Il était au procès de Victor avec l’agent Couldstonnes. Etonné Victor faillit s’évanouir. L’homme s’adressa à lui:

«Victor Harmstrong, votre cyber-attaque, je le pense, est une des affaires les plus sophistiquées des dix dernières années que j’ai eu à élucider. Elle a fait couler beaucoup d’encre. Surtout du fait de votre jeune âge au moment des faits, qui a surpris bon nombre d’agents.»

M.Druman continua son explication:

«Si je vous ai tous réunis aujourd’hui, ce n’est pas seulement pour vous présenter ce jeune homme et vous parler de ces prouesses passées. Comme vous le savez, les Chinois tentent d’ étendre leur domination sur toute la Terre mais aussi sur les espaces maritimes et extraterrestres. Le département scientifique de Gorgona, sur le plateau du Tibet, est en train de lever une armée. Leurs soldats sont robustes, très bien équipés et entraînés pour tuer. Leurs tanks et voitures de combat sont en iconium, le métal le plus résistant que l’on puisse créer aujourd’hui. Vous n’êtes pas sans savoir que les sites d’extractions de ce minerai sont sur leur territoire, ce qui les avantage grandement.
Les services secrets de la R.I.L.D basés dans les plateaux du Tibet nous ont contactés il y a peu pour nous informer que des chercheurs de Gorgona avaient réussi à récupérer un baril du carburant Mona grâce à un scientifique du nom de M.Smart qui aurait réussi à subtiliser un bidon du supercarburant, au docteur Moon. Il aurait ensuite quitté Lunara dans une navette spatiale avant l’explosion de la base lunaire. Les radars de Gorgona l’auraient détecté. Ils l’auraient par la suite interrogé sur la provenance et l’origine de ce carburant. M.Smart aurait dévoilé les propriétés, et la formule de fabrication du Mona. Le fondateur de l’unité scientifique secrète de l’empire asiatique, M.Schmidt, serait en ce moment en train d’en produire en quantité afin de pouvoir finaliser le projet Inside visant avec une centaine «d’ailes noires», de bombarder et de détruire les principales grandes métropoles du monde, l’objectif de l’opération étant la conquête du monde. Le but ultime de cette organisation est de dominer le monde, à commencer par les pays de l’Union globale et de propager une nouvelle idéologie.

Le nom «Gorgona» est inspiré du mythe de la Gorgone, aussi la devise de l’organisation est-elle :
« Nous pétrifions quiconque croisera notre regard». Ils proclament ainsi leur force face à la résistance. Les agents de Gorgona portent souvent des vêtements vert et or distinctifs, avec un motif de serpent ailé. Le Docteur Ziller qui travaille pour Gorgona a créé des «ailes noires», qui pourront si nous ne les éradiquons pas, changer le destin de cette planète. Les «ailes noires» sont des bombardiers triangulaires transportant des missiles de dernière génération. Un seul suffit à éradiquer la Côte Est de notre beau pays. Ces bombardiers ont cependant un «talon d’Achille», ils ne peuvent se déplacer sans carburant Mona.

J’en reviens donc à vous M.Amstrong. Nous voudrions, mes confrères et moi-même, que vous vous introduisiez chez Gorgona, avec l’aide d’un «commando» spécial et que vous détruisiez la base et par là même occasion que vous exterminiez leurs «savants fous». D’après nos sources ils frapperont samedi dans la soirée.
«Êtes-vous prêt à collaborer et à prêter allégeance à la R.I.L.D?» Victor, qui avait écouté attentivement, dit:
«Je ne me sens pas légitime pour mener une telle mission.» M.Druman poursuivit:
«Ma question n’attendait pas un accord de votre part. Vous n’avez pas le choix. Nos meilleurs agents vont vous former. Vous serez même équipé d’une arme de notre invention. Vos équipiers vous rejoindront samedi.»

Victor était tout à la fois dévasté et excité. Cette mission lui donnait la possibilité de devenir un héros ou tout le contraire… Des agents le conduisirent à sa chambre. Elle était très spacieuse. Il alla se coucher pensif et partagé. Il ne savait à quoi s’attendre pour les entraînements.

Le lendemain matin, il déjeuna d’un bol de thé froid et de riz soufflé au chocolat. Puis se présenta comme on le lui avait indiqué la veille au département de M.Druman. Qui le reçut en entretien.

M.Druman lui demanda:

«As-tu bien dormi mon garçon?» Victor répondit:
«D’abord je ne suis pas votre garçon! Vous m’avez kidnappé, je vous rappelle. M.Druman continua:
«Non, non ! C’est parce que vous allez avoir une rude semaine. Nous sommes lundi, vous partez samedi. Votre entraîneur n’est pas des moindres. Voici l’agent Hil, elle va vous suivre toute la semaine. Je vous laisse avec elle pour faire connaissance.»

L’agent Hill, une jolie brune d’une trentaine d’années se tenait juste à côté et l’emmena dehors. Elle lui dit:

«Je vais commencer par évaluer vos capacités.»

Elle lui fit faire une dizaine d’exercices, qu’il réussit tous. Elle l’interrogea par la suite sur ces capacités et compétences en programmation informatique. Elle semblait impressionnée. Quand arriva la fin de journée Victor alla s’isoler dans sa chambre. Un signal lumineux sur sa montre connectée lui indiqua l’heure du dîner à la maison familiale. Il pensa, nostalgique au bon poulet de sa mère.
Le lendemain, il fut réveillé aux aurores par l’agent Hill, qui lui demanda de la suivre. Au bout de vingt minutes de marche, ils s’arrêtèrent devant une gigantesque porte blindée. Elle était dotée d’un scanner rétinien. L’agent Hill se plaça devant la porte qui coulissa vers la gauche. Devant Victor s’étendait un vaste laboratoire qui ressemblait à un long tunnel très bas de plafonds. Des centaines d’hommes en blouse blanche les fixaient du regard. Hill lui signifia d’avancer. Après un dédale se couloirs, ils arrivèrent dans un hangar. Un code à environ un milliard de possibilités le gardait. Hill tapota quelques chiffres, la porte s’ouvrit dans un grincement insupportable. Un homme dénommé Docteur Atwel les attendait. D’un geste , il les invita à s’asseoir. Il était rudement bien gardé, six agents surveillaient Atwel.
Atwel s’adressa à eux:

«M.Druman m’a prévenu de votre visite, il m’a également demandé de confier à ce jeune homme, une mallette spéciale.»

Hill acquiesça. Dr Atwel se leva et alla chercher la fameuse mallette posée sur une étagère derrière lui. Lorsque Victor l’ouvrit, il découvrit un drôle de costume. Il interrogea Atwel du regard.

«Je te présente «Blackcoat». C’est un costume permettant de réduire la taille de celui qui le porte à celle d’un insecte, tout en préservant sa force. La tenue est également dotée de six bras laser. Tu en auras besoin afin d’accomplir ta mission. Fais-en bon usage.»

Victor sourit. L’agent Hill se leva et dit:

«Et bien Docteur, je crois que nous en avons terminé. Nous allons donc partir.»

Hill et Victor quittèrent le lieu. Victor mallette à la main et Hill se dirigèrent vers une grande salle vide. Hill demanda à Victor d’enfiler son costume et d’expérimenter son usage. Victor s’exécuta pendant que Hill lui lisait les précautions d’emploi rédigées par le Dr Atwel:

«Tu dois appuyer sur le bouton situé sur l’extrémité droite de ta main pour rétrécir.»

Victor s’empressa d’essayer. Il appuya, et vit tout à coup le monde tel que le voient les coccinelles. S’en suivirent alors des jours et des jours d’entraînement, de maniement d’arts-martiaux, de préparation physique…jusqu’au samedi. Trois personnes se présentèrent. Hill énonça leur surnom:

«L’homme à ta droite c’est la «Vipère». La «Vipère» est un tueur, très habile avec les sabres, un véritable maître en arts martiaux. L’homme à ta gauche, on l’appelle «Red-Man», il manie les armes à feu mieux que quiconque, il est formé en autodéfense. Et cette femme c’est «Dragonfly eye», elle est connue sous l’identité de l’archère. Elle utilise un arc de dernière génération et des armes de combats japonaises comme les nunchakus. Ils constitueront ton équipe. Je vais dès à présent vous accompagner vers votre jet supersonique. Je serai avec vous pendant tout le début de l’opération avec l’agent Couldstonnes. Au moment de vous «lâcher» sur la cible, nous serons en contact par oreillette interposée . Allons-y!»

Tous les hommes de la R.I.L.D étaient là pour les encourager. Victor, vêtu de son costume, suivi de son escouade se dirigea vers le jet. A l’intérieur l’agent Couldstonnes les attendait. Le décollage fut enclenché, c’était peut-être la dernière fois que Victor voyait son pays. Tous les membres de l’équipe étaient attentifs aux explications de Hill et de Couldstonnes. Le plan est simple se dit Victor il suffit de rentrer dans la base, de passer environ trente portes et autant de soldats armés jusqu’aux dents. Mais Hill avait tout prévu il fallait que «Red Women», la «Vipère» et «Drangonfly eye», réussissent à bloquer l’arrivé d’air dans les conduits pendant assez longtemps pour que Victor puisse arriver au carburant. Ses trois coéquipiers devaient également saboter les
«ailes noires». Simple comme bonjour se dit-il. À force de le répéter, peut-être finirait-il par le croire. Quant à la seconde phase de l’expédition, elle servait à ce qu’ils fassent plus ample connaissance. Au bout de cinq heures de route, ils arrivèrent à ce que l’on pourrait appeler la fin, les plateaux du Tibet! L’ inévitable était là. Ils sautèrent en parachute. Ils atterrirent non loin d’un sommet. Le plan tournant dans leur tête. Un hangar de trois kilomètres de large s’étendait. Les
«ailes noires» à l’intérieur, faisaient le plein, presque prêtes au décollage. Il restait peu de temps… Victor ordonna:

«Red women, la Vipère partez devant et neutralisez les gardes. Drangonfly et moi nous allons nous introduire dans le centre de gestion des conduits d’aération.»

Red Women tua trois gardes au fusil laser tandis que la Vipère lui en assomma d’autres avec le manche de son sabre… Victor et Dragonfly réussirent à se frayer un passage sans être vus jusqu’au centre. Il n’était pas bien gardé. Une dizaine d’hommes parlaient tandis qu’un seul montait la garde. Se rapetissant Victor n’eut aucun mal à les maîtriser. Il reprit taille humaine, et ouvrit le conduit d’aération. Il chuchota à Dragonfly de stopper l’arrivée d’air dans les conduits et de rester là afin de veiller à ce que personne ne sonne l’alarme ou ne remette en marche les aérations. Elle s’exécuta.
Red et la Vipère, quant à eux étaient chargés de désamorcer toutes les bombes des «ailes noires». Ils commencèrent. Un de fait, deux, trois… Jusqu’à ce qu’une centaine d’hommes se présentent pour le décollage. Red et la Vipère ne purent tenir bien longtemps. Les soldats de Gorgona étaient trop bien armés, canon laser, fusil laser… Ils moururent sous le feu nourri de leurs assaillants. Les pilotes de Gorgona montèrent par groupe dans les sinistres engins, l’heure se rapprochait…

Victor, lui, était enfin arrivé au-dessus du laboratoire de Schmidt. Il passa la barrière sans mal du fait de sa petite taille. Puis s’agrandit et asséna des coups d’une telle puissance à Schmidt qu’il s’effondra.Victor se dirigea vers la «couveuse» de Mona, il était trop tard les savants de Gorgona était déjà passés récupérer les barils. Il ne restait plus de carburant… Victor se hâta de remonter vers les conduits…
Quelque temps après, il retrouva Dragonfly dans le centre de maintenance des conduits d’aérations. Victor lui expliqua rapidement sa découverte et ils mirent à courir en direction de la piste de décollage. Des hommes armés la surveillaient, des sentinelles sans aucun doute. Ils n’eurent aucun mal à les éliminer. Peu de temps après le décollage s’enclencha, Victor et Dragonfly avaient réussi à terminer le travail de leurs compagnons décédés. Le compte à rebours commença…
Mais Victor et son acolyte furent pris de vitesse. Ils avaient oublié la dernière aile noire, celle de Schmidt. Il est donc revenu à lui se dit Victor. Il commença son décollage, fonça sur nos deux héros. Dragonfly ne put l’éviter et se fit littéralement faucher par les roues de l’avion pareil à un rapace attrapant sa proie. Victor, lui, grâce à son entraînement intensif réussit à se hisser sur l’aile gauche de l’appareil. Il atteignit bientôt la porte du sinistre bombardier. Il crocheta la serrure de la porte…
Il tomba nez à nez avec Ziller qui était à l’intérieur de l’appareil. Victor s’était donc trompé. Ce n’était donc pas le bombardier personnel de Schmidt mais celui de Ziller. Victor se dirigea derrière lui à pas de loup… Il plaça alors ses mains autour du coup du docteur, ce dernier se mit à crier d’horreur. Victor lui demanda:

«Her Ziller je ne vous veux aucun mal, dites-moi seulement comment faire atterrir cet appareil.» Her Ziller rétorqua:
«Jamais ! De toute manière, il est trop tard pour revenir en arrière, vous avez perdu, quand la bombe que contient cette aile noire touchera le sol de votre chère terre d’Amérique, le continent ou il se trouve se verra pulvérisé, et vous avec! Hahahah! La trouvaille du docteur Moon est une véritable révolution de l’armement, Mona nous a permis de bien plus grandes choses, les ailes noires par exemple !»

Victor continua:

«Non, vous ne pouvez pas ! Vous n’avez pas le droit d’ôter la vie à des millions de personnes!» Her Ziller dit:
«Bien sûr que si, nous avons tous les droits ! Après l’Amérique, l’Europe tombera, d’autres ailes noires seront construites, Gorgona sera la maîtresse du monde! Et seul grandira le néant!»

Victor qui serra plus fort le cou de Ziller s’exclama:

«Votre base n’est plus, vous ne vous en sortirez pas. Je vais arrêter ce bombardier démentiel, si j’y parviens. C’en sera fini de Gorgona ! La R.I.L.D sait où vous vous cachez maintenant. Fini de discuter. Dites-moi plutôt comment stopper cet engin !»

Her Ziller eut un moment d’hésitation mais il finit par cette phrase avant d’avaler du cyanure pour en terminer avec sa vie de tueur de peuples :

«Mon garçon, nous pétrifions quiconque croisera notre regard! Tu sais fiston après la mort, il n’y a rien, et la mort elle-même n’est rien. »

Ce fut les derniers mots du docteur Ziller, le scientifique le plus éminent de son époque. Victor ne savait plus quoi faire. Il essaya de joindre la R.I.L.D… C’était à ses parents qu’il voulait parler, mais Hill demanda:

«La mission s’est elle bien passée? Est-ce que votre équipe va bien?»

Victor ne voulait pas lui répondre, il voulait parler avec ses parents. Hill le mit alors en ligne avec ces derniers. Victor leur dit:

«Papa Maman est-ce que vous allez bien? Et Dixie? Et Victoria?

Ses parents paniqués mais contents d’avoir de ses nouvelles se précipitèrent pour lui répondre:

«Oui mon chéri nous allons tous très bien.» Victor continua:
«Je voulais vous dire que je vous aime mais je vais devoir me sacrifier pour sauver ma patrie. Je suis dans un appareil en direction de notre pays, si je ne le fais pas s’écraser, vous mourrez tous!»

Ses parents s’écrièrent:

«Non ! Ne fais pas ça ! Tu ne peux pas te tuer, il y a sûrement un autre moyen! Victor tel un héros dit:
«Ce n’est pas la mort que je crains, mais le fait de mourir. Dans la vie il ne suffit pas d’être un grand homme, il faut l’être au bon moment. Je vous aime! Ne me pleurez pas trop…»

Et il coupa la liaison. A ce moment-là, il survolait l’Arctique, il dirigea l’aile noire sur un iceberg gigantesque, et se dit:

«C’est peut-être cela que l’on cherche à travers sa vie, je retiendrai quand même que la vie, qu’il ne faut pas la gâcher à faire des choses bêtes. Mon plus grand regret aura été de ne pas devenir moi-même, un homme bien, bon. Je regrette maintenant…Tout le monde meurt, c’est certain, mais peu de gens savent vivre avant de mourir.»

L’appareil vint heurter l’iceberg en pleine face, il se désintégra instantanément. La flamme de ce bûcher traversa bien des mers et des océans, afin que la Terre puisse apercevoir l’accomplissement d’un sacrifice pour la survie des humains. Une cérémonie eut lieu mais sans la bonne personne. En souvenir de lui une statue fut érigée dans toutes les villes visées par Gorgona. D’ailleurs la secte finit par être dissoute. L’agent Hill eut une promotion mais préféra partir et commença une nouvelle vie loin l’espionnage. Elle fonda une famille… Clouldstonnes, lui fut nommé grand superviseur de la R.I.L.D. Tout était beau. Les parents de Victor eurent du mal à faire le deuil de leur fils… mais peu à peu la vie reprit son cours.
Bien des années plus tard une nouvelle secte fit surface «Idra», commandée par Johann Schmidt (le fils de l’ancien savant de Gorgona)… Mais c’est une autre histoire…

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