Paskvelija relève d’un genre littéraire un peu particulier : le cycle de nouvelles dont l’unité est fournie par le temps (les années 1930 à 1960) et le lieu, plus que par des personnages récurrents. On chercherait en vain sur la carte de Macédoine le village de Paskvel ou le canton dont il est le centre, la Paskvelija. Mais les indices géographiques semés dans le texte sont nombreux pour identifier Paskvel à Velgošti, village natal de Živko Cingo. D’où sort de nom étrange ? Paskvil désigne un pamphlet désobligeant et injurieux, généralement anonyme (un pasquin, en français). On peut penser que Cingo a choisi ce nom, comme une façon de désamorcer lui-même l’aspect de critique sociale de ses nouvelles. Le nom s’associe peut-être aussi avec pustelija qui évoque une idée d’abandon, de désolation.
Paskvelija appartient à un genre littéraire qui occupe une place discrète dans la littérature européenne. Dans la littérature française, Les récits de la demi-brigade de Giono présentent ce même genre d’unité spatio-temporelle. Il n’est pas besoin de connaître l’histoire des Balkans pour circuler à travers les nouvelles de Paskvelija. Les faits historiques et politiques n’apparaissent que furtivement, dans l’arrière-plan des nouvelles. En revanche les composantes du paysage de Paskvel, ses jardins, sa rivière, la colline et l’horizon qui s’ouvre sur le lac se retrouvent systématiquement. Le vent est aussi omniprésent, vent tiède de printemps, vent aigre d’hiver, tourmentes épiques. Un temps de l’année est évoqué avec une insistance toute particulière : le passage incertain entre l’hiver et le printemps, le premier redoux, la neige qui fond… Autant d’élément naturels qui font échos aux coeurs des hommes…

Ed. Non lieu – 11/06/2021

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