Nombre d’entre nous ont un centre du monde. Celui de Jean-Louis Guitard est à Antibes. Il y installe son univers de personnages entre réel et fantastique. On ne sait jamais très bien à quel moment va s’effectuer la traversée de l’écran entre les deux. Il met en scène des figures dont on devine qu’elles résonnent avec sa propre existence et il suffit d’un objet, d’un lieu pour que s’opère un basculement dans un imaginaire instillé de désirs, de questions, de craintes au coeur duquel s’inscrivent inévitablement Eros et Thanatos. C’est un homme vieillissant qui par le biais d’une photo peut rejoindre sa compagne disparue, c’est l’amour désabusé d’un jeune gars, c’est un lieu énigmatique dont on sait s’il a vraiment existé, la relation contrariée d’une femme naine et d’un rat aux pouvoirs surnaturels, c’est un génie impitoyable face à la bêtise de deux imbéciles heureux, ce sont les époques bousculées qui conduisent à des confrontations ahurissantes et à la mort brutale, c’est un voyage postal qui se termine par une fin à l’humour tragique, c’est la rencontre avec une femme mystérieuse dans un cimetière. En poursuivant son écriture du microcosme antibois qu’il connaît, Jean-Louis met en scène situations et personnages pour composer une humanité à la fois réelle et fantasmée qui nous dit avec humour, tendresse, mais aussi effroi, ce que nos existences cachent de doutes, d’interrogations et parfois de désillusions. Il le fait avec une plume au dynamisme alerte, jonglant entre dialogues pleins de verve et subtils glissements vers une nostalgie sous-jacente, laissant toujours deviner l’auteur de théâtre et de chansons qu’il est par ailleurs.

Ed. Unicité François Mocaer – 15/01/2024

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