« […] Le vin était devenu son unique aliment depuis peu, et sa maigreur lui conférait un charme trouble exacerbé par les cheveux hirsutes et volumineux, le regard impérieux, la lèvre bien dessinée, les pommettes larges. Oui, un ensemble bien séduisant, et il le savait, et il cultivait un narcissisme insolent, alimenté par une fierté que rien n’abattrait jamais, sinon la mort. […] » « […] Prince de l’élégance, mais aussi prince de la perdition, avec cette lucidité propre aux personnages de Dostoïevski, il s’arrogeait le droit à l’autodestruction lorsque la souffrance débordait, lorsque le submergeait l’angoisse. Nul ne pouvait s’interposer entre son geste si lent à saisir le verre, et l’objet convoité dont il s’emparait avec une sensualité fascinante, à qui savait l’observer. C’était sa manière d’entrer en lui-même «par effraction», disait-il, comme si sa carapace résistait à cet abandon sincère aux choses de la vie. […] »

Ed. Maïa – 20/10/2023

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