Recueils à paraître
Deuil – Chahla Chafiq
La perte d’un enfant est une chose dont on ne peut pas parler. Pour l’évoquer, Chahla Chafiq a choisi la forme des nouvelles. Son génie, c’est que le deuil n’en est jamais le sujet. Dans ces six récits, une blessure à la tête, l’incendie d’une gare, le vol d’un portefeuille dans le métro, un petit-déjeuner de hasard, une invitation à une fête, une rencontre. Y a-t-il encore quelqu’un dans une photographie, ou dans un coeur greffé dans un autre corps ? A-t-on des enfants quand ils sont morts ? Comment compter leur âge ? Toujours le deuil surgit comme accidentellement évoqué, comme si la narratrice, au coeur de son écriture, était rattrapée par cela dont elle ne parle pas. L’innommable du deuil avec quoi il faut vivre, qu’il serait vain d’essayer d’oublier. Dont on ne peut presque rien dire, mais dont on ne peut pas ne pas parler. Et qui revient avec l’insistance insinuante d’une douleur lancinante et connue, et avec la violence foudroyante d’une improbable crise de folie.
Ed. Metropolis
Exil – Chahla Chafiq
Étudiante et militante de gauche lors de la révolution iranienne de 1979, Chahla Chafiq s’est exilée en France après trois ans de pouvoir islamiste. Elle a publié plusieurs essais et plaide sans relâche pour la démocratie, la laïcité et l’égalité entre hommes et femmes. La littérature est peut-être une manière de recréer son monde dans l’exil. Avec « une intimité infiniment pudique » (Alain David) sur arrière-fond politique, ces sept nouvelles douces-amères commencent à Téhéran au début des années 1980, puis conduisent le lecteur en Turquie, première étape avant la France, et enfin à Paris : des chemins périlleux et hasardeux de l’exil à l’expérience de cet ailleurs qu’il leur faut apprendre à apprivoiser. Il y a la peur, la clandestinité, la corruption, les intrigues, les trahisons. Il y a la liberté enfin, mais avec elle le déracinement, la solitude, des vies étouffées, des jeunesses perdues, des rêves que l’on ne fait plus. Les faux passeports, les faux réfugiés, les faux merci, les fausses générosités, des mirages de rencontre. Et tout à coup, une main tendue, de vraies larmes, une nuit d’amour, une étreinte et le rêve qui dissipe le brouillard et doucement, illumine la nuit.
Ed. Metropolis
Chroniques marseillaises 3 – Karmo Marius
La rue Bouterie, le pont transbordeur, le café Riche, les anciennes boutiques sur la Canebière… Ces lieux qui n’ont pas survécu au temps qui passe sont les décors de ce Marseille d’autrefois, dans un monde où tout n’est que comédie et galéjades ! Il y est question de Marseillais et de Marseillaises, ces êtres à part, jamais tout à fait comme les autres ! Regardez-les cultiver fièrement leurs différences, afficher leur truculence, étaler leur mauvaise foi et cacher mal leur sensibilité… Tous vivent « dans un jardin d’Amour et utilisent les engueulades comme des désherbants naturels pour éviter que la tendresse ne fleurisse ! Une tendresse qu’ils préfèrent garder cachée en terre, en leur for intérieur… »
Ed. Gaussen – 20/06/2025
La folie Isabella – François Koltès
L’Italie, de nos jours. L’air marin, les ruelles étroites, les terrasses en bois, la bière – bien comptée. Des vies étriquées, des amours déçues, des désirs en furie. Des rendez-vous manqués, d’amères solitudes, le passé qui demeure, l’avenir qui ne s’ouvre pas, – sortir, vibrer, vivre ! Chacun des personnages semble devoir retracer le chemin de son histoire pour enfin, parfois, miraculeusement, réussir à faire un pas de côté. On y croise les destins de Gian Carlo et Vincenza, étrangers à leur propre vie, à leurs proches même, qui se rencontrent dans une invraisemblable évidence ; un groupe de jeunes sur la plage, qui s’aiment, se désirent, se déchirent ; ailleurs, le hasard d’une discussion entre deux voyageurs, Victor et Milàn, ivre de son histoire, et entre eux, Laura, la résilience, l’amour. Enfin, Isabella, folle de sa jeunesse, de sa passion, qui se perd, peut-être, d’avoir voulu trop vivre. Il y a là, en quatre nouvelles, de la romance, de l’aventure, du polar et du désespoir.
Ed Métropolis – 07/12/2023