Cela fait déjà quatre ans que nous annoncions une « suite » au dossier Grabiński, avec la publication d’une troisième nouvelle et la deuxième partie de l’étude de Michel Meurger consacrée à « l’homme de feu ». Avec un conte supplémentaire au sommaire, le dossier s’est étoffé pour proposer de nouvelles facettes du talent encore largement méconnu en France du fantastiqueur polonais ; en attendant la perspective d’un recueil, maintenant bien engagée. Poète, dramaturge, romancier, conteur, André de Richaud a marqué discrètement la littérature fantastique française grâce à des contes aux thèmes parfois empruntés à d’illustres prédécesseurs, Lafcadio Hearn, Pétrus Borel, Maurice Renard, Fitz-James O’Brien… et plusieurs romans, dont La Nuit aveuglante (1944), une « œuvre forte du fantastique psychologique » selon Jean-Baptiste Baronian qui le réédita en 1972 dans son exemplaire collection « Bibliothèque Marabout – Fantastique », où d’aucuns eurent le bonheur de le découvrir. Poète d’abord, et même romancier avec Comparses en 1927, qui plut à René Char, ses deux premières nouvelles – fantastiques – sont retenues par la Revue hebdomadaire, dont celle que nous publions, « L’Arbre mort et la femme guérie », restée inédite en volume depuis 1930. C’est une immense joie de la proposer à la lecture grâce à Jacques Simonelli, qui signe une lumineuse étude sur le fantastique de l’écrivain, et aux ayants droit de l’auteur que nous remercions chaleureusement. Au rayon des oubliés (la vocation principale de notre projet éditorial), nous avons retenu le curieux François-Alexandre Brasseur-Wirtgen, artiste puis publiciste, amoureux du monde animal à travers nombre de chroniques très lues au milieu du XIXe siècle et qui commit plusieurs textes très hoffmanniens – pour le moins – dont il est difficile de savoir s’ils ont bien été écrits par un auteur alors âgé d’une quarantaine d’années, alors que deux contes aux thématiques plus modernes sont nées de son imagination d’octogénaire. Retour à la création contemporaine avec un auteur chinois que nous avons grand plaisir à publier grâce à sa traductrice Solange Cruveillé, Zhu Yue 朱岳. Son inspiration convoque fantastique et surréalisme d’une manière très singulière, voire borgesienne si l’on en croit son éditeur chinois. Nicolas Liau est déjà connu des lecteurs du Visage Vert (« Thanaphobos », no 29) et c’est avec son frère, Florent, qu’il nous propose un conte digne de Claude Seignolle, mais qui présente quelque parenté avec l’inspiration « maléfique » d’André de Richaud. D’abord traducteur pour Le Visage Vert, Patrick Mallet – Mark Valentine et bientôt Mark Samuels – est aussi scénariste et auteur, et nous l’accueillons dans nos pages pour une nouvelle (glaçante) de hantise au goût anglais. Une curiosité, enfin, avec une courte bande dessinée de Leopold Maurer, auteur de romans graphiques publiés en Autriche, dont certains sont parus en France. Une occasion de découvrir un surprenant art du décalage en images

Ed. Le visage vert – 01/12/2022

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