Existe pour l’écrivain que je suis, une jubilation à « faire des histoires » c’est-à-dire à en inventer et à les donner dans ce livre qui, pour m’avoir fait délaisser tout roman, s’appelle Sortie de route. Ce livre composé de seize histoires ou seize textes, et chacun, c’est la loi d’un texte bref, se hâtent vers sa fin, sa chute, sa résolution s’il y a mystère, son dénouement s’il y a intrigue, et résonnent en tombant plutôt qu’ils ne meurent. Car l’histoire courte éclate à la fin comme la vague, pas comme un ballon. Histoires à indice autobiographique : « La promenade de Simone », « Ma table », qui en effet fut celle de mon père, « Donna Musique », histoire de « Mouche et les neiges du Kilimandjaro » pour laquelle ma chienne a bien voulu poser. Histoires abominables, de trahison ou de vengeance : « Le livre qui tue », « Juste Commonini », « Un héritage de Blanchot », « Le goudron et les plumes ». Histoire traitant de la perte : « J’ai engagé un tueur à gage », « Le coffret », « Le sari rose et blanc ». Histoire sur l’amour de l’art ou de la littérature sinon traitant de l’amour de l’amour : « Le secret professionnel », « La machine résurrectionnelle », « La photo tardive », « Un non amour inoubliable », etc. Sortie de route est une danseuse. Je veux dire qu’il est construit comme ce numéro de cirque, où, sur un cheval qui court sur la piste ronde, une écuyère, vêtue d’un tutu de danseuse, chevauche et saute à terre pour remonter en selle d’un autre saut. Et recommence. Tout cela pendant que le cheval galope. Disons que ce livre est le cheval, et chaque texte, la voltige de l’écuyère en tutu.

Ed. Nous (22/08/2017)

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