« Ce ne sont pas les phrases qui ont des significations, ce sont les significations ont des phrases. C’est parce que certaines significations sont privées de leur phrase qu’on raconte des histoires… » Les nouvelles de Murat Özyasar nous entraînent dans un espace jusqu’à récemment peu défriché de la littérature turque, le Sud-Est de la Turquie, et plus particulièrement la ville de Diyarbakir. Menés par une écriture vive, rythmée, tour à tour drôle et poignante et qui se fait l’écho des problématiques de la région, ses personnages nous conduisent à travers cette cité qui fut jadis « Amed la Noire?» – en vertu du basalte à la base de son architecture – et qui subit encore aujourd’hui les conséquences d’une guerre plus que trentenaire. Loin du pathos où d’autres tomberaient facilement, Özyasar raconte, à travers ses personnages et sa langue hybride (un turc «?contaminé par le kurde?»), le Diyarbakir d’aujourd’hui, un territoire qui, malgré le deuil impossible des tragédies passées, reste animé, envers et contre tout, par une formidable pulsion de vie. « Tout le monde rit derrière son mort. Rire noir, c’est le nom de cette crise, de ce rire-là. »

Ed. Kontr – 09/11/2018

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