Liam O’Flaherty a tout d’un enragé d’Irlandais qui n’a de cesse de débarrasser son pays des brumes mythologiques qui lui tissent un manteau de pacotille. Dans ce recueil de nouvelles inédit en français, on ne s’affronte à rien d’autre qu’à la terre noire, la tourbe, la mer et les bêtes – à plumes ou à poils. On y croise des poules jalouses, un cormoran blessé, un lapin noir presque surnaturel, un petit chien blanc, un papillon folâtre, un congre monstrueux. On assiste à la mort d’une vache, à la naissance de trois agneaux, au martyr d’un bouvillon, à la destruction d’un nid et à la lutte à mort entre une chèvre sauvage et un chien affamé. La devise de Liam O’Flaherty tient dans un seul mot : la rage. Il faut faire tomber les masques, ici et maintenant. Le style, à la mesure du propos, est celui d’un baroudeur ; la langue est taillée à la hache : « Je suis né sur un rocher battu par les tempêtes et je hais la molle végétation des terres cuites par le soleil, où le gel ne pénètre pas les os des hommes jusqu’à la moelle. La pensée rapide et le vol véloce d’oiseaux affamés, le glapissement de terreur des animaux pourchassés représentent pour moi la réalité. J’ai vu le cerf assouvi encorner sa femelle, et le vagabond quitter sa femme pour aller chercher d’autres seins, en ayant encore le feu de la joie au fond des yeux »

Ed. Klincksieck – 11/04/2019

ABONNEZ-VOUS MAINTENANT

Pour vous inscrire à la newsletter de Place aux Nouvelles et rester informé de nos actualités.