La plus jolie fille de Paris. Qui est-elle ? Sait-on jamais vraiment qui sont les gens ? En tous les cas, elle risque de vous surprendre. Comme tous les personnages de ces années grandioses, qui s’éparpillent joyeusement des fifties jusqu’aux seventies. Tout y était possible nous en a-t-on dit. À condition de ne pas sortir des clous. Parce qu’entre les yéyés, les rockys, les beatniks, les fachos et quelques guerres sans en avoir l’air, tout n’était pas forcément rose. Parenthèse enchantée sur le papier. Presque parfaite. Oui mais. Il suffit parfois de soulever un coin du tapis pour déterrer de drôles de surprises et de curieux cadavres. On y croise aussi des petites histoires qui auraient bien aimé faire partie de la grande. Des âmes décalées ou recalées dans une société mutante qui allait déjà beaucoup trop vite pour elles. Alors on pouvait toujours essayer de rire, de rêver sa vie, à défaut de vivre son rêve. Autant dire que derrière le pop, le wild et le glossy, des larmes discrètes, secrètes parfois, font couler le rimmel et fader les sourires. C’était sans doute le début de la fin pour toutes les utopies, même si elles s’y montraient encore touchantes, papier glacé et sucre glace, politesse et pince à vélo. Ou calandres chromées et crans d’arrêt. Qui saura qui saura ? Qui croire surtout ? Celles et ceux qui en auront été ou ces autres-là qui sont carrément passés à côté ? Orgueils mouchés, légendes défaites, ballades en marge, doutes et souffrances au beau milieu de ces pages souriantes et presque trop polies, écrites à l’encre de guimauve et de coca-cola. Moments de grâce fugaces, figés, saisis dans le glacis technicolor. Voilà, c’était les heures de gloire… mais à la gloire de quoi ?

Ed. Erick Bonnier – 21/06/2018

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