« De prime abord on se dit que la brume est rêveuse, et que le brouillard nous englue. Elle, vive et facétieuse, cache et révèle tour à tour, favorise la rêverie. Pour un peu, elle enchanterait le réel. Lui, inquiétant, immobile, pèse sur les paysages et les consciences de toute son épaisseur, sombre écran sur lequel projeter nos angoisses. Mais les choses ne sont pas si tranchées. Les nébulosités sont plus subtiles que ne pourrait le laisser supposer le sens péjoratif qui, au royaume de la Raison, s’est attaché à leur nom. Brouillard, bouillon, brouet, brouillon, brouille, scribouiller, imbroglio et autres embrouillaminis remontent à une même racine indo-européenne désignant un mélange bouillonnant. Il y a donc dans le brouillard une idée de chaos et d’ébullition, qui évoque aussi bien le chaudron des sorcières que la création du monde dans la plupart des mythes fondateurs, ou encore la création tout court. » Brumes métaphoriques ou météorologiques, Corinne Atlan déploie à partir d’elles et de leur souvenir éthéré une délicate méditation poétique.

Ed. Gallimard Folio – 05/09/2019

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