Dans les années 1950, on ne se déplace guère qu’à vélo. On ne va donc guère plus loin que chez les voisins. Cette vie en vase clos favorise l’éclosion puis la fermentation de mythes confus. Dans les celliers de ce village du Saumurois où « le p’tit vin pour la soif » est gouleyant, on suppose, on suppute, on soupçonne jusqu’à ce qu’émergent des certitudes qui, ensuite, vibrionnent les cervelles. Les aphorismes édictés par la sagesse populaire constituent les seuls théorèmes de vie de cette microsociété. Ils policent (à la serpe…) des tempéraments déjà façonnés par l’âpreté des sols. Métayers et modestes propriétaires côtoient le cantonnier, le curé, le garde-champêtre, le tueur de cochons, le châtelain… Chaque nouvelle de ce recueil a été arrachée à leur auteur revenu dans son village natal pour la sépulture d’un proche. Chaque nom gravé sur une stèle du petit cimetière lui a jeté à la face une poignée de vibrants souvenirs. Plus question pour lui de céder à la naturelle inclinaison de laisser le temps accabler le passé de ses irrespectueux coups de gomme.

Ed. Ex Aequo – 20/04/2018

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